En confrontant les Libertés politiques à la politique criminelle, ce numéro propose d’approfondir une intuition : plus l’Etat de droit est robuste, plus l’espace des libertés politiques est vivant et vibrant ; à l’inverse, plus la politique criminelle s’ordonne autour de la minimisation des risques et de l’extension de l’exception, pour saisir une dangerosité imprécise fondée sur la peur, plus la démocratie se rétrécit. À l’ère des politiques criminelles « illibérales », l’objectif de sécurité justifie la multiplication et l’intensification des dispositifs de surveillance, qui menacent l’exercice insouciant des libertés démocratiques. Le rapport 2025 d’Amnesty international dresse un triste constat des atteintes aux libertés politiques qui s’opèrent chaque jour sous nos yeux. Sans même évoquer les guerres et les situations d’oppression qui, mécaniquement, s’accompagnent de restrictions des libertés politiques de celles et ceux qui luttent pour leur survie, les restrictions s’opèrent sur tous les fronts même dans les démocraties les plus enracinées : interdictions des manifestation, restriction des droits d’association, instrumentalisation de la liberté d’expression à des fins obscurantistes, détentions préventives, surveillance généralisée, tantôt assumée, tantôt déguisée derrière des finalités de lutte contre le crime.