La vulnérabilité saisie par les juges en Europe
Sous la direction de Laurence Burgorgue Larsen
Quatrième de couverture
La vulnérabilité pose la question du rapport des individus à la société dans laquelle ils vivent. Elle interroge la « représentation de l’humain » dans le cadre de la Cité, la Polis. Si cette représentation a profondément évolué depuis près de vingt-ans, c’est que la société s’est transfigurée. Le modèle de l’État-providence d’après-guerre, social et protecteur n’est plus ; le Welfare State a vécu. Face aux bouleversements politiques, économiques, sociaux, familiaux révélateurs de cette disparition du modèle social d’après-guerre, de nouvelles formes d’appréhension et de traitement du rapport de l’individu à une société fragilisée sont apparues. Philosophes d’un côté, sociologues de l’autre se sont engouffrés dans l’étude des nouvelles formes de subjectivité contemporaine. Adieu les analyses en termes d’autonomie et d’égalité des droits et vive celles qui mettent l’accent sur la dépendance relationnelle et l’équité qui n’est plus universaliste mais différenciée. La vulnérabilité a pris alors son envol ; elle a même triomphé dans plusieurs champs disciplinaires : de la philosophie à la sociologie en passant par le droit, mais aussi les sciences appliquées.
On assisterait donc à un Vulnerability Turn qui permettrait de repenser l’être humain, son rapport à l’Autre et au monde qui l’entoure, et qui serait à la base d’un ensemble de nouvelles obligations imposées à la charge des États. Tout serait-il parfait ? Loin de là. Si la vulnérabilité a le vent en poupe, elle n’en a pas moins soulevé de virulentes critiques allant de la valorisation d’une approche compassionnelle proche du misérabilisme – qui discriminerait plutôt qu’elle ne rassemblerait – aux risques d’essentialisation, de stigmatisation ou encore de paternalisme.
Cette quatrième journée d’étude organisée dans le cadre du cycle des « juges en Europe » a permis à un groupe de juristes publicistes, sur la base d’une belle et stimulante ‘ouverture sociologique’, d’examiner la manière dont le concept de vulnérabilité a été utilisé par les juges et les conséquences que cet usage engendre, tant en termes théoriques que pratiques.
Cet ouvrage réunit les contributions de Loic Azoulai, Samantha Besson, Laurence Burgorgue Larsen, Rosmerlin Estupinan-Silva, Charlotte Denizeau, Edouard Dubout, Franck Laffaille, Magdalena Lickova, Ana Ovejero et Marc-Henry Soulet.